lundi 27 novembre 2017

La saga des ESTIENNE de Saint-Lattier.

La saga des ESTIENNE de Saint-Lattier.


" Saint-Lattier, en mémoire de Saint-Eleuthère, du nom du 13° Pape de l’Église catholique, qui prit la défense des martyres chrétiens persécutés à Lyon sous Marc-Aurèle, en l’an 177 : Saint Pothin, l’évêque, Sainte Blandine et leurs 46 compagnons…"


Des « ESTIENNE » vécurent donc à Saint-Lattier pendant près de trois siècles, venus de la Vallouise en 1658 par le destin de Messire Vincent ESTIENNE, nommé Curé de la paroisse, et qui était accompagné de ses neveux Jean et Magdeleine. Le curé s’éteindra en juin 1669. Magdeleine épousera Antoine CHOSSON, le fils d’un avocat de Saint-Marcellin qui était aussi Procureur d’Office à St. Lattier et petit-fils de Charles CHOSSON, Chatelain de St. Lattier.

Mariage de Magdeleine Estienne & Antoine Chosson

Cette auguste famille, dont est issue Louise LOMBARD, habitait une maison forte dite « Le Périer », pas très éloignée du port du Périer, en allant sur la voie de Vachères et St. Hilaire. Cette maison existe encore, devenue aujourd’hui la propriété de la famille DOYON. Notre ancêtre Charles CHOSSON eut quelques démêlés juridiques avec Mr. De la Porte, le Seigneur de l’Arthaudière qui possédait les droits de péage sur la circulation des marchandises sur l’Isère ; descente de radeaux de bois vers le Rhône et Marseille, remontée de bateaux chargés de sel, de blé et autres marchandises.


Le premier né et baptisé « ESTIENNE » du couple Jean & Louise LOMBARD sur St. Lattier, ce fut en 1673. Au cours des cinq générations qui s’y sont succédées c’est une cinquantaine de naissances sous ce patronyme enregistrées au registre de la commune, et plus de 500 descendants répertoriés, sous des patronymes multiples, car la caractéristique du mariage des demoiselles, c’est qu’elles prennent le nom de leur mari. Bien évidement, ce chiffre n’est qu’exhaustif et ne tient pas compte des branches latérales sur lesquelles des recherches se poursuivent quand elle ne se perdent dans des migrations sur d’autres territoires.


Que doit-on retenir de la première génération née au village ? D’abord des filles, sept pour trois garçons. Ici, nous n’allons pas entrer dans l’examen détaillé de toutes les filiations, mais nous arrêter à quelques unes…

Et je voudrais mentionner le cas très exceptionnel de Françoise ESTIENNE (1677-1714) qui épouse un UZEL. On retrouve dans sa lignée un certain Joseph TIGNEL qui – en 1818, après son mariage – descend s’installer à Marseille car il est tailleur au 5° Rgt. de Ligne et réside au Fort St. Jean. Ce régiment est l’un des plus ancien et illustre de l’armée française, créé sous l’ancien régime, qui prit part aux campagnes de Napoléon et se rallia à lui lors des Cents Jours, avec l’épisode fameux du Lac de Laffrey… On arrive ensuite sur Amédée DELPHIN, fils et petit-fils de distillateur, qui épousera en 1921 à Lyon Marie Louise ETIENNE, une cousine germaine de notre père. Il s’agit d’un hasard rarissime où deux époux (sans le savoir) ont les mêmes ancêtres à huit générations d’écart. Ce n’est pas tout ; Amédée et Marie Louise avait un garage d’automobiles à Vichy où ils s’éteignirent le premier en 1971, la seconde en 1945. C’est à croire que les liens entre la distillerie et l’automobile sont une marque de fabrique !


Celui de Jean ESTIENNE est à mentionner, lui qui épouse une RANCHON et va s’installer à St.Jean-en-Royans en 1716, là où naissent leurs enfants. Sa dernière présence est signalée à La Sône en 1739 pour le contrat de mariage de sa nièce Marguerite UZEL. Et après, plus rien, aucune trace de sa famille, ni du coté de St. Lattier, ni à St.Jean. Famine, épidémie, froid glacial… comment expliquer cette soudaine disparition ?


A la seconde génération, c’est donc la branche de Claude ESTIENNE (1685-1736) qui va être la plus porteuse d’avenir, malgré le fait qu’il s’éteint relativement jeune, laissant sa femme Jeanne BONNARDEL avec huit enfants âgés alors entre 1 et 12 ans ! Les enfants naissent au « Port de Périer », dénommé parfois dans le registre « hameau de Jean Estienne ». Claude va ajouter la culture des champs et l’élevage à son travail de pontanier sur l’Isère. L’un de ses fils, Pierre, onze ans, va d’ailleurs se noyer dans l’Isère en août 1738. Un second, Alexandre, disparaître totalement de la circulation après 1765 (il a trente cinq ans ) après avoir été présent au mariage de deux de ses sœurs et parrain de plusieurs nièces. Que de mystères sur ces absences ou disparitions !


Troisième génération : c’est donc un second Claude ESTIENNE (1726-1788) qui va assurer la descendance agnatique. Il épouse une certaine Françoise THOMAS qui mourra en 1739 à seulement trente huit ans suite aux difficultés d’accouchement de son dernier fils, Jean-François. Peu avant de s’éteindre, Claude mettra en forme son troisième testament, répartissant ses biens entre ses six enfants survivants.


Quatrième génération : sur le plan agnatique, on va alors avoir un troisième Claude ESTIENNE (1765-1817), l’aîné de la fratrie, qui conserve le Port du Périer, Jean-André ESTIENNE qui va partir à St.Paul-lès-Romans pour y ouvrir un « cabaret » (café-restaurant), et Joseph ESTIENNE qui va ouvrir une menuiserie aux Fauries, un quartier sur la route menant à Romans, mais comme ce dernier n’aura qu’une fille partie ensuite à Murinais avec son mari, la saga sur St.Lattier ne se poursuit donc qu’avec Claude.


On entre à présent dans la période révolutionnaire où l’état-civil va généraliser la disparition du « S » de ESTIENNE. Claude va prospérer sur les terres léguées par son père. En 1790, il a 24 ans lorsqu’il épouse Marie MIETTON, et – assez – rapidement – il entreprend de faire édifier, à quelques pas du Port du Périer, un vaste bâtisse drômoise en pierres de rivière, une demeure que l’on peut encore observer de nos jours puisque située en un quartier dénommé « La Rivière », juste en dessous du pont de l’autoroute reliant Valence à Grenoble. Elle a été transformée par le propriétaire en plusieurs appartements, car démembrée lors de la succession de Joseph ESTIENNE (1826-1913) qui fut le dernier ESTIENNE occupant de cette maison.

La maison de La Rivière

Dans la famille, on racontait par transmission orale une histoire assez extraordinaire… Lors du « Vol de l’Aigle » en 1815, le retour de Napoléon de l’île d’Elbe, l’Empereur - après avoir rallié le 5° de Ligne à Laffrey - est arrivé à Grenoble le 7 mars où il a passé deux jours à l’Hôtel des Dauphins, où il signa ses premiers décrets impériaux ; le 9 mars, il s’est arrêté à Rives, a pris un frugal repas à l’Hôtel des Postes, pour arriver à Bourgoin tard dans la nuit, accompagné de ses 7.000 hommes, fantassins & cavaliers. Les chevaux de l’Empereur avaient besoin d’énormément de fourrage et d’avoine pour les accompagner dans leur voyage de remontée vers Lyon, et Claude ETIENNE aurait alors procuré des charrettes pleines des denrées nécessaires à la petite armée. L’Empereur, pour le dédommager, lui aurait fait don du Château de Ravello sur la côte amalfitaine d’Italie. Du coté de chez nous, jamais nous n’avons vu un tel papier, et il est probable que – si il existe – il sera resté en possession du fils aîné de Claude : Jean ETIENNE (1791-1862), qui deviendra Notaire et Maire de St. Lattier.

Le tambour André Estienne

Cinquième génération. De Claude & Marie MIETTON naîtront dix enfants, mais seuls trois survivront et feront souche : Jean (déjà évoqué ci-dessus), Joseph (1799-1871) et Ferdinand (1810-1867). Jean et Joseph resteront sur St.Lattier, tandis que Ferdinand, après son mariage, ira s’installer à St.Jean-en-Royans.


1/- Jean ETIENNE (1791-1862) épousera en 1813 Marie-Anne CHEVALIER de laquelle il aura cinq enfants. Lorsqu’il est jeune, Jean est « cultivateur aux Pierrets » ; mais vers 1819 il reprend l’étude notariale de Jean Meynier, Notaire à La Rivière. Ce dernier est un bon ami de Jean, au point qu’il est témoin à son mariage et parrain de plusieurs de ses enfants. Puis, il sera élu Maire de St. Lattier et assurera plusieurs mandats. Il acquiert une grande demeure bourgeoise, pourvue de nombreuses pièces, avec grands salons et escalier d’honneur, propriété dénommée « L’Olivier », qui est aujourd’hui une foyer communal, car la propriété familiale sera démembrée en 1891.

L'Olivier, ancienne propriété de Jean Estienne

Parmi ses enfants, seule la branche de Eugène ETIENNE (1827-1877) & Gabrielle SAVOYE a constitué une descendance « ETIENNE », après une migration dans la région lyonnaise à partir de 1877. La branche de Jean-Auguste ETIENNE (1821-1892) se prolonge mais avec des filles. Celle de Charles Ferdinand ETIENNE (1825-1881), Notaire à Rives, s’éteint – agnatiquement parlant - avec la mort du Sous-lieutenant Maurice ETIENNE en 1917 puis celle de son père la Commandant Léon ETIENNE (1857-1927) ; elle comporte aussi des descendants, mais par les filles. Un blog est consacré à leur sujet.




2/- Joseph ETIENNE (1799-1871) épousera en 1825 Marie DURIF, de laquelle il aura deux enfants, dont autre Joseph ETIENNE (1826-1913) qui sera le dernier agriculteur de la famille à habiter St. Lattier. Sa descendance est prospère du coté de la Savoie et de la région drômoise où elle rejoint la famille LEYDIER, du groupe papetier de St.Vallier. De leur maison de La Rivière, il ont assisté à la construction de la ligne de chemin de fer Valence-Grenoble entre 1850 et 1864, la voie passant juste à coté de leur maison. Le bac sur l’Isère sera remplacé par un pont construit en 1875 vers les Fauries, reliant St.Lattier à Eymeux, et donc ouvrant sur le Royans et le Vercors.

La Rivière, de nos jours

3-/ Ferdinand (1810-1867) épousera en 1835 Léoncie ABISSET, la fille d’un Capitaine de Grenadiers de l’armée napoléonienne, et s’installera comme banquier à St.Jean-en-Royans ; il sera aussi « Négociant en soie ». C’est l’époque de la création des premières agences bancaires, rendues nécessaires par le développement du commerce et l’ère de l’industrialisation. Les Abisset sont très nombreux sur St.Jean et vivaient du travail forestier, d’exploitation de bois ; après son mariage, Ferdinand acheta le clos de la famille Abisset, qui appartenait aux époux Charles Raymond & Madeleine Terrot. Cette maison était sise dans la « Grande Rue » du village. Il acheta aussi un « domaine agricole composé de plusieurs maisons d’habitation, de champs et terres labourables, de vignes et prairies » dont hériteront Anne et Hippolyte.


Par la suite, Anne quittera St.Jean pour travailler à Lyon où elle rencontrera son premier mari ; Hippolyte – lui – quittera St. Jean pour Saint-Etienne où il rencontre sa première épouse et ouvre une confiserie. Mais il reviendra à St.Jean durant quelques années, à la suite de son second mariage avec Haydée COUTION, la fille d’un traiteur de St.Jean. En 1903 il liquide tous ses biens, après la mort d’Anna, et revient s’installer définitivement dans la Loire, d’abord à Chazelles, puis à St. Etienne, avec l’objectif d’y monter une distillerie. De ses deux mariages, il aura une descendance, dont les quatre frères ETIENNE qui créèrent la « Grande Distillerie de Saint-Etienne ».


Nous voici au terme de près de trois siècles et sept générations de présence des « ETIENNE » dans ce village de l’Isère. Nous sommes le14 mars 1913, Joseph ETIENNE vient de s’éteindre à l’âge de 86 ans dans sa maison de La Rivière… Deux de ses filles ont quitté le village, l’une a épousé un COTTIN, Instituteur à St.Hilaire, qui va faire souche à Miribel-les-Echelles en Savoie, une autre a épousé un HENRY, Directeur d’une scierie à St.Hilaire-du-Rosier, qui y a fait souche aussi. Ne restent à St. Lattier que deux « demoiselles ETIENNE » qui s’éteindront respectivement en 1939 et en 1944.



[la saga des ESTIENNE continue, avec l’histoire des ETIENNE des branches contemporaines, Lyon, St. Etienne, Drôme]

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