Histoire
de l’émigration de la famille CROZEL
Marie
ETIENNE est née en 1861 à St.Paul-lès-Romans. Joseph , son
père, s’y était installé comme maçon-tuilier, mais
c’est son grand-père (Jean André) qui avait quitté le village
natal de St.Lattier pour venir s’y marier avec une fille du lieu,
devenant
alors
« cabaretier », nom d’un corps de métier très
réglementé qui remonte à Henri III pour désigner « une
personne qui sert du vin au détail et à manger », autrement
dit – en langage de nos jours - un bar/restaurant. Marie était la
cadette de la famille et - à sa majorité - elle était montée à
Paris, rue des Gravilliers, au coeur du Marais, pour y exercer un
travail de modiste.
C’est
cependant dans la Drôme qu’elle rencontra « Paul »
Aimé Ferdinand CROZEL, né en 1854, Propriétaire-cultivateur à St.
Paul et Mercurol, avec lequel elle se marie en 1888 à
Saint-Paul-lès-Romans. Au début, la famille habite St. Paul, un
quartier campagnard du bord d’Isère dénommé à Belle-Vue ;
puis, en 1913, elle déménage sur La Roche de Glun. Le couple eut
cinq filles et deux garçons dont le premier, Pierre, Sapeur au 4°
Rgt de Génie, fut blessé en 1916 au cours de la bataille de la
Somme et trouva la mort « dans l’ambulance ». Son
frère cadet, Joseph (de la classe 1920), s’engagera dans l’armée
américaine deux ans plus tard à ses 18 ans.
C’est
à partir de cet engagement qu’il me fallait rechercher les dates
et causes de l’émigration de nos cousins aux États-Unis… Les
documents d’Ellis Island permettent d’en retrouver les traces.
Ellis Island, c’est le nom de cette
petite île à l’embouchure de l’Hudson, près de New York, qui
abrite la Statue de la Liberté (un cadeau de la France), et où
furent débarqués douze millions de migrants venus chercher leur
avenir au Nouveau Monde entre 1892 et 1954. L’auteur slovène Louis
Adamic,
arrivé
en
1913, décrivit la nuit qu'il avait passée à Ellis Island : lui et
plusieurs autres immigrants dormirent sur des lits dans un long
corridor. N'ayant pas de couverture chaude, le jeune homme ne put
dormir de la nuit, entendant les ronflements et plusieurs rêves se
passant dans différentes langues. Il décrit aussi une cuisine
tellement grande qu'elle pouvait accueillir 1.000 personnes.
Grâce
à ces documents d’archive, on découvre alors que le papa CROZEL a
embarqué au port du Havre sur le Chicago, seul avec sa fille
Marguerite alors âgée de 18 ans, arrivés à New-York le 26 octobre
1914.
La maman et deux autres enfants, Joseph et Andrée, ont embarqué
pour la même destination sur le Chicago et sont arrivés à New-York
le 2 mars
1915,
ce qui explique que Joseph se soit engagé dans l’armée US en 1918
dans l’état du Montana ; enfin, Blanche, la cadette, a embarqué à
l’âge de 15 ans sur le Touraine, destination New-York où elle est
arrivée le 25 avril 1919, accompagnée de sa sœur aînée Geneviève
qui l’avait hébergée chez elle à Valence durant la guerre.
Entre-temps Geneviève avait dû gérer la mort de son frère Pierre,
tué à la guerre en 1916, faire rapatrier son corps à St. Paul où
il sera enterré dans le caveau familial. Quelle
peine cela a dû causer aux parents de ne pouvoir y être !
En
définitive, après le conflit mondial et dès mai 1919, toute la
famille se trouve donc regroupée à Superior, une ville du Comté de
Mineral dans le Montana, y compris Geneviève (qui reviendra ensuite
en France pour se remarier). Les filles Andrée et Marguerite CROZEL
se marieront et s’installeront dans l'Oregon ; quant à Joseph
CROZEL il fera sa vie un état voisin, l'Idaho, on y reviendra plus
loin… C’est ce qui ressort des données du grand recensement de
1920 aux États-Unis. Il est à noter que tous ces états se situent
dans le même secteur du nord-ouest des États-Unis.
Restait
à élucider le motif de leur immigration
aux Etats-Unis….
Certes, la documentation nous apprend qu’à la suite du
déclenchement de la guerre, il s’est produit une importante vague
d’émigration depuis le vieux continent vers le nouveau, les
contingents les plus nombreux étant ceux composés de russes et
d’italiens, dont le fameux Lucky Luciano. Une étude scientifique
mentionne : "Ils
affluaient dans les villes et formaient la plus grande partie de la
main-d'œuvre industrielle, rendant ainsi possible l'apparition de
grosses entreprises, notamment dans les domaines de la sidérurgie,
du charbon, de l'automobile, des textiles et de la production de
vêtements, ce qui permit aux États-Unis de prendre place parmi les
géants économiques du monde."
![]() |
Holy Cross Cemetery - Spokane |
Il
est bien connu que c’est la capacité des industries militaires à
innover et à produire des armements et munitions (chars d’assaut,
artillerie, aviation, sous-marins, cuirassés) en très grande
quantité qui fera la différence pour
la victoire entre
les clans ennemis.
Or, le Montana est un réservoir énorme de charbon, d’argent, et
de cuivre. Mais il recèle aussi de verts pâturages, et tout porte à
croire que Paul Crozel a voulu bénéficier du « Homestead
Act »,
cette loi de propriété fermière qui a encouragé
des millions d'Européens à émigrer vers les États-Unis pour
cultiver la terre ou faire de l’élevage
et qui a contribué valoriser la notion de propriété
privée dans
la mentalité américaine.
Paul a vendu ses biens de la Drôme pour investir et prospérer - à
partir de ses connaissances et expériences agricoles - entre
Superior dans le Montana où il est recensé en 1920, et Spokane dans
l’état voisin de Washington, où il est recensé en 1930 et où il
mourra l’année suivante, agé de 75 ans. Sa
femme Marie mourra à San Francisco (où réside sa fille Marguerite)
en 1948 à l’age de 87 ans. D’ailleurs,
tous nos cousins sont inhumés au Holy Cross Cemetery ou au Greenwood
Memorial Terrace de Spokane, dans l'état de Washington.
Passons
aux enfants….
1-
Roze
Marie « Geneviève »
(1889-1971) l’aînée, s’est
mariée en 1911 avec Alphonse Ducros, de
qui
elle eût
un fils, commerçant à Valence. Comme tous ses frères & sœurs,
Geneviève a passé une partie de sa vie aux États-Unis où elle
émigre en 1919 après sa séparation ; on découvre qu’elle a
travaillé à San Francisco puisqu'elle dispose d'un N°
de sécurité sociale en Californie ; après son voyage de 1919, elle
revient en France et se remarie sur le tard en 1934 avec un poilu de
Nice, Jacques MARIA ; ce dernier ayant souffert des gaz moutarde dans
les tranchées était très traumatisé des combats et décédera
après trois mois de mariage. Geneviève se retrouve donc seule à
Nice, elle rentre à Valence, à proximité de son fils.
D'après
René Pouzin, l’un de ses cousin aujourd’hui disparu, Geneviève
Crozel a eu un enfant de son premier mariage avec Alphonse Ducros :
info confirmée et référencée (date et lieu naissance) par Guy
Fourneron : il s’agit de Robert Alphonse Ducros, né en 1912,
marié avec une Humbert, boulanger à Valence, qui
ont eu deux enfants…
(à
suivre).
Ces
maigres informations, je les ai reçues d’une amie généalogiste :
« Le
cousin Jacques (MARIA) et son épouse se sont mariés à Nice et y
ont vécu jusqu'à la mort de Jacques fin 1934. Cette dernière date
est exacte, je l'ai encore vu gravée sur le caveau familial cet été
au cimetière Saint-Barthélémy de Nice. Pour les enfants il n’y a
rien. Ceci dit, à 45 ans au jour de son mariage et avec un maximum
de 3 mois de mariage, ce n'est pas étonnant !
Tout
ce que je sais me vient de mes souvenirs d'enfant et de ce que me
racontait ma pauvre grand-mère. Aujourd'hui il n'y plus de personne
vivante les ayant connu, le frère cadet de mon père, et ses cousins
germains n'étaient pas nés et ils ont les mêmes informations que
moi : à savoir que Jacques, traumatisé par les tranchées et
très probablement gazé, avait mal vécu son retour à la vie
civile, dans tout les sens du terme, et l'après guerre. Pour son
épouse, aucune information. J'ai d'ailleurs cru - jusqu'à ce que je
trouve la date du mariage - que Jacques était décédé célibataire
et je ne suis pas la seule ; mon oncle et ses cousins aussi ! Ma
grand-mère parlait de Jacques, mais jamais de sa femme. Voilà,
c'est tout ce que je sais. – Cordialement, V. TEISSEIRE. »
Par
la suite,
en 1943, on trouve trace de Geneviève à Vichy, qui travaille sans
doute au service de l’administration française de l’époque ;
elle s’éteint en 1970 dans son appartement de Bourg-lès-Valence.
Avec
Pierre, elle est la seule de la fratrie à être inhumée dans le
caveau CROZEL de St.Paul.
2-
Augusta
« Andrée » Lucie
(1891-1971) va épouser Louis Lagier en 1915 puis – en seconde noce
- Joseph Croteau en 1917 ; ils s’installent dans l’Idaho, et
reposent au Holy Cross Cemetery de Spokane, dans l’état de
Washington.
Ils
eurent un fils, Hubert Croteau (°1919 +2006) qui sera pilote de
bombardier dans l’armée américaine. Au cours de la seconde guerre
mondiale, Hubert prend part aux bombardements sur le territoire
français. Il épouse en 1941 à Spokane Mlle. Nathalie Dumas, une
Professeur à la St. Paul & St. Francis High School. Vers la fin
des années 60, comme il tenait à voir le pays natal
de sa mère Andrée Crozel, tous les
deux
ont effectué un voyage en France, se rendant notamment à St. Paul
pour visiter leurs cousins germains Pouzin.
Hubert
& Nathalie ont eu les honneurs de la presse locale lors de leurs
60 années de mariage, anniversaire fêté en août 2001, à Sisters,
dans l’Oregon ! (source : Eugene Register-Guard - Sep 30, 2001).
Aux
dernières nouvelles, Nathalie serait encore là.
Ils
ont eu deux enfants : Jim, et Mary-Anne :
-
Jim est marié avec Maria, dont naît Amanda en 1981 (dans
l’Arizona).
La
famille vit dans l'Oregon, à Eugene, où il dirige une chaîne de
restaurants.
-
Mary Anne, mariée avec Robert Woodell, dont naît Dan (en Autriche
aujourd’hui).
La
famille vit dans l'Oregon, successivement à Sisters, Beaverton et
Portland
3-
« Pierre »
François Hubert (1893-1916)
– Sans postérité
Sapeur
au 4° Régiment de Génie - Mort pour la France en 1916 à
Hangest-en-Santerre, Somme. Décoré de la Médaille Militaire à
titre posthume. Son nom est gravé sur le monument militaire au
centre du cimetière de St. Paul et sur la plaque de Mairie, mais
aussi sur le monument aux morts de La Roche de Glun, où il résidait
lors de la mobilisation en 1914 et où est transcris son acte de
décès.
4-
« Marguerite »
Céline Phanie
(1896-1978) a épousé Olaf Rood en 1918 d’où deux enfants :
Olaf et Josette dont je cherche la trace. La famille a quitté le
Montana pour la Californie, à Sacramento puis à San Francisco,
raison pour laquelle Marie Etienne y a probablement résidé après
la mort de son mari. Elle a obtenu la nationalité en 1946. Elle est
morte en 1978 dans l’Oregon.
5-
« Marie »
Madeleine (+
en 1897)
morte
à 1 jour et inhumée à St. Paul (pour mémoire)
6-
« Joseph »
Paul Marcel (1900-1962)
Sur
son acte de naissance de 1900 en Mairie de St.Paul, cette mention
manuscrite : "En cas de présence, prévenir la gendarmerie de
Romans".
Nul
doute que la raison de cette mention, c’est qu’il ne s'est pas
fait recenser en France… Et pour cause, il a été incorporé dans
l'armée américaine le 18 septembre 1918, engagement signé dans
le comté de
Siver Bow,
Montana et enregistré dans le World War I Draft Registration Cards,
sous le N°3503.
Il
se marie en 1926 avec Ruth Wilkerson avec qui il s’installe à
Millan dans l’Idaho et de laquelle il y a eu plusieurs enfants (en
cours de traçage) ; il est mort à 62
ans en 1962 à Osburn, dans l’Idaho, mais inhumé à Spokane.
Ce
qui se
dégage
à son sujet, c’est un malheur qui a laissé des traces dans
l’actualité de l’état… Son fils cadet, Paul, né en 1939, est
mort en 1958 dans un accident d’automobile à Kellogs, Idaho :
« ... dans l'Oregon National Forest, à la suite d'un accident
de la route entre Enaville et Kellogg. Il était au volant du
pick-up, accompagné de Lauren Stroud, 17 ans et leur véhicule tomba
dans la Sandy River. Le troisième passager Peter Self, 16 ans,
réussit à nager et regagner la rive.
Leurs corps furent recherchés
pendant plusieurs jours dans la rivière par son père, Joseph Paul
et des amis (source : The Post-Register, 5 Jun 1958 - Idaho Falls,
Idaho) »
Le
corps de Lauren fut retrouvé ; mais
jamais
celui de Paul ; (source : Spokane Daily Chronicle - Jun 5, 1958). Au
cours des longues et multiples recherches entamées par le papa et
avec l’aide des habitants du comté, il se produisit même un
accident aérien !
7-
« Blanche »
Sidonie
(1903-1994) dite Lilette – Sans postérité, elle aussi a
obtenu
la nationalité américaine en 1937. Le
plus souvent, elle a vécu en compagnie de ses parents,
les
suivant
à Spokane, où elle est demeurée jusqu’à sa mort en 1994 à
l’age de 90 ans. La
dernière de la fratrie est inhumée au Holy Cross.
Voilà !
J’ai voulu retracer l’itinéraire peu commun d’une famille qui
quitte tout pour tenter l’aventure au nouveau monde, et qui réalise
son rêve : le rêve américain, par lequel toute personne
vivant aux Etats-Unis peut devenir riche et prospère par son
courage, son travail et sa détermination. Il faut savoir que la loi
fermière a été abrogée en 1976, et que l’immigration aux
Etats-Unis est devenue plus difficile de nos jours. Le centre fédéral
d’immigration d’Ellis Island a été fermé en 1954 pour se
transformer en décor de film et en musée et de plus en plus
d’immigrants cherchant à entrer doivent déchanter rapidement face
à la transformation sociale du pays, pour ne pas dire son déclin
entamé. La fameuse « american way of life » basée sur
un excès de consommation, la prédominance de l’image et de la
publicité a fait la
place
à une société écartelée avec d’un coté les très riches, de
l’autre des populations de
plus en plus pauvres.
Le rêve américain est en
passe de devenir
l’enfer.
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